Une alimentation équilibrée est fondamentale pour la santé équine, impactant directement l'immunité, le microbiote intestinal et la résistance aux maladies. Les troubles digestifs, notamment les diarrhées, représentent un coût économique important pour les éleveurs et propriétaires de chevaux, liés aux frais vétérinaires et à la baisse de performance. Une approche nutritionnelle précise est donc cruciale pour la prévention et le traitement de ces affections.

Les diarrhées chez les chevaux se manifestent sous deux formes principales : aiguë et chronique. Les causes sont variées : infections (salmonellose, rotavirus), parasitismes (strongles, cyathostomes), intoxications (mycotoxines, ingestion de plantes toxiques), changements alimentaires brusques, stress, ou effets secondaires médicamenteux. Un diagnostic vétérinaire précis est essentiel pour adapter la stratégie nutritionnelle.

Physiologie digestive et impact des diarrhées

Le tube digestif équine est unique. L'estomac, relativement petit, est suivi d'un intestin grêle assurant l'absorption des nutriments. Le gros intestin (caecum, côlon) abrite une riche flore bactérienne essentielle à la fermentation de la cellulose. Les diarrhées altèrent profondément ce système. Elles se traduisent par une augmentation de la fréquence et du volume des déjections, une consistance molle voire liquide, et parfois la présence de mucus ou de sang. Un cheval adulte peut excréter jusqu'à 10 à 12 kg de matières fécales quotidiennement dans des conditions normales.

La diarrhée provoque une déshydratation significative due à une diminution de l'absorption d'eau et d'électrolytes (sodium, potassium, chlorure). L'inflammation de la muqueuse intestinale entrave l'absorption des nutriments, conduisant à des carences. L'équilibre du microbiote intestinal est perturbé, favorisant la croissance de bactéries pathogènes. La perte de nutriments essentiels, comme les protéines et les vitamines, affaiblit le système immunitaire du cheval et allonge la durée de la maladie.

Le microbiote intestinal joue un rôle vital dans la digestion et l'immunité du cheval. Son déséquilibre est un facteur aggravant des diarrhées. L'utilisation de prébiotiques (stimulant la croissance des bactéries bénéfiques) et de probiotiques (bactéries vivantes bénéfiques) spécifiques aux équins est étudiée. Des recherches ont montré l'intérêt de souches de *Lactobacillus acidophilus* et de *Saccharomyces cerevisiae* pour améliorer la santé intestinale et la résistance aux infections digestives chez les poulains et chevaux adultes. L'ajout de ces probiotiques dans la ration peut contribuer à une meilleure gestion des diarrhées, notamment chez les animaux sujets à des troubles digestifs récurrents. On observe une amélioration significative de la consistance des fèces et de l'état général des chevaux dans de nombreux cas.

Gestion nutritionnelle des diarrhées équines

La prise en charge nutritionnelle des diarrhées vise à soutenir le cheval, à limiter la charge digestive et à restaurer l'équilibre intestinal. Une hydratation intensive est cruciale en cas de diarrhée sévère, par voie intraveineuse ou par sonde nasogastrique. Le choix de la méthode dépend de la gravité de la déshydratation. Un cheval déshydraté présente une perte de poids notable, des muqueuses sèches et une diminution de l'élasticité de la peau. Le traitement de la déshydratation est primordial pour le pronostic. Un cheval adulte peut perdre jusqu’à 15 litres d'eau par jour pendant une crise diarrhéique sévère.

Adaptation de la ration selon la cause

L'alimentation doit s'adapter à la cause de la diarrhée. Lors d'infections bactériennes, une alimentation facilement digestible et pauvre en fibres est conseillée. On privilégiera du foin de bonne qualité, finement coupé, et des aliments concentrés hautement digestibles comme l'avoine décortiquée ou le son d'avoine. Un cheval adulte, en travail modéré, consomme environ 10-15 kg de fourrage sec par jour.

En cas de parasitisme, un traitement antiparasitaire est indispensable, associé à un régime adapté pour limiter la charge parasitaire et soutenir l'intestin. Un régime alimentaire riche en fibres solubles, comme la pulpe de betterave déshydratée, peut améliorer le transit intestinal. Dans les cas de diarrhée due au stress ou à un changement de ration, une transition alimentaire progressive est recommandée, étalée sur 10 à 14 jours. Une alimentation apaisante, riche en fibres et peu riche en amidon, peut être bénéfique. L'ajout de psyllium aux aliments peut aider à améliorer la consistance des fèces.

Une alimentation inappropriée, trop riche en amidon ou en sucres rapidement fermentescibles, peut favoriser les diarrhées. Un cheval adulte travaillant modérément peut ingérer entre 4 et 6 kg d'aliments concentrés par jour, selon ses besoins énergétiques. Un surplus de céréales ou de mélasse peut entraîner une fermentation excessive dans le gros intestin. Une analyse de la ration par un nutritionniste équine est conseillée pour identifier les déséquilibres. Un exemple concret: un cheval recevant 8 kg de maïs par jour et souffrant de diarrhées chroniques a vu une amélioration notable après la réduction à 2 kg de maïs et l'ajout de 1 kg de luzerne.

Rôle des compléments alimentaires pour les chevaux

Les compléments alimentaires peuvent jouer un rôle adjuvant dans la gestion des diarrhées. Les probiotiques aident à rééquilibrer la flore intestinale. Les prébiotiques stimulent la croissance des bactéries bénéfiques. Les électrolytes compensent les pertes hydriques et électrolytiques. Des additifs comme l'argile peuvent contribuer à protéger la muqueuse intestinale. L'utilisation de compléments doit être encadrée par un vétérinaire. Des surdosages peuvent être néfastes pour la santé du cheval. Un excès d'un complément probiotique, par exemple, pourrait mener à des fermentations excessives dans le gros intestin.

  • Exemple 1: L'utilisation de *Saccharomyces boulardii* comme probiotique pour rééquilibrer la flore intestinale après une diarrhée.
  • Exemple 2: L'administration d'un complexe électrolytique pour compenser les pertes dues à la déshydratation.
  • Exemple 3: L'utilisation d'argile pour ses propriétés absorbantes en cas de diarrhées importantes.

Prévention nutritionnelle des troubles digestifs

Une alimentation équilibrée et adaptée est le meilleur moyen de prévenir les diarrhées. La ration doit être ajustée selon l'âge, la race, le niveau d'activité et les conditions environnementales. Un jeune cheval en croissance a des besoins différents d'un cheval adulte au repos. La qualité du fourrage est également essentielle. Un foin riche en fibres et pauvre en poussières est préférable.

Les transitions alimentaires doivent être progressives pour éviter les troubles digestifs. Il faut introduire de nouveaux aliments progressivement sur au moins une semaine. L'hygiène alimentaire est essentielle pour limiter les contaminations bactériennes ou parasitaires. Une gestion appropriée des pâturages et une rotation régulière permettent de réduire la charge parasitaire. Un bon drainage des paddocks est essentiel pour éviter la stagnation de l'eau et la prolifération de bactéries pathogènes.

Un programme de vermifugation adapté est primordial pour prévenir les diarrhées parasitaires. Le choix du vermifuge, sa posologie et sa fréquence doivent être déterminés par le vétérinaire en fonction de l'âge, de la race, de l'état de santé du cheval et des résultats des analyses de coprologie. La sur-utilisation des vermifuges peut être néfaste pour le microbiote intestinal. Une approche stratégique avec des analyses régulières et une rotation des molécules est préférable à des vermifugations systématiques.

Vermifuge Type de parasites ciblés Impact potentiel sur le microbiote intestinal
Ivermectine Nématodes, acariens Potentiellement néfaste à hautes doses
Fenbendazole Nématodes, cestodes Impact généralement modéré
Moxidectine Nématodes, acariens Potentiellement néfaste à hautes doses

Une alimentation de qualité, une gestion hygiénique des pâturages, un programme de vermifugation raisonné et des transitions alimentaires progressives sont des éléments clés pour prévenir les diarrhées équines. La surveillance régulière de l'état du cheval, la qualité des fèces et l'avis régulier du vétérinaire sont nécessaires pour assurer la santé digestive de votre équidé.